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CDD, intérim, freelance : ce que dit vraiment la loi sur vos pratiques

Recruter un collaborateur en CDD, en intérim ou en tant que freelance est devenu monnaie courante pour répondre à des besoins ponctuels, urgents ou spécifiques. Mais ces formes d’emploi, si elles offrent de la flexibilité aux entreprises, sont aussi strictement encadrées par la législation. Les ressources humaines doivent donc faire preuve de vigilance pour éviter tout procès en cas de requalification ou de pratiques abusives.

DES CONTRATS ENCADRÉS PAR LE DROIT DU TRAVAIL

En France, le droit du travail distingue clairement les statuts de CDD, d’intérimaire et de freelance. Chaque forme de collaboration répond à un cadre juridique précis, dont les RH doivent maîtriser les subtilités.

Le contrat à durée déterminée (CDD) ne peut être conclu que pour l’exécution d’une tâche précise et temporaire. Les motifs légaux sont limitatifs : remplacement d’un salarié, accroissement temporaire d’activité, emplois saisonniers, etc. En dehors de ces cas, la conclusion d’un CDD est illégale. Sa durée maximale est de 18 mois (renouvellements compris dans la majorité des cas) et il ne peut être utilisé pour pourvoir durablement un poste lié à l’activité normale et permanente de l’entreprise (article L1242-1 du Code du travail).

L’intérim, ou contrat de mission, obéit aux mêmes motifs que le CDD, mais implique une relation tripartite entre le salarié, l’entreprise de travail temporaire (ETT) et l’entreprise utilisatrice. La responsabilité juridique et administrative incombe à l’ETT, mais l’entreprise utilisatrice reste responsable des conditions d’exécution du travail.

Quant au freelance, il relève du régime de travailleur indépendant. Il n’est pas lié à l’entreprise par un contrat de travail, mais par un contrat commercial (prestation de service). Cela signifie qu’il n’est pas soumis au code du travail mais au code civil. Attention cependant : si la relation de travail dissimule un lien de subordination, elle peut être requalifiée en contrat de travail, avec toutes les conséquences afférentes (cotisations sociales, rappel de salaires, etc.).

DES RISQUES JURIDIQUES À ANTICIPER

Le recours abusif ou injustifié à ces statuts peut exposer l’entreprise à des procès devant le Conseil de prud’hommes, souvent à l’initiative des salariés concernés ou de l’URSSAF. Le contentieux le plus fréquent concerne la requalification d’un CDD ou d’une mission d’intérim en CDI, pour non-respect des conditions de recours ou dépassement de durée.

Dans le cas des freelances, le risque principal réside dans le travail dissimulé ou la requalification en salariat. Dès lors qu’un lien de subordination peut être démontré (instructions précises, horaires imposés, contrôle des tâches), les juridictions considèrent qu’il s’agit en réalité d’un salarié. Cette pratique est passible de sanctions civiles et pénales, notamment pour fraude à la sécurité sociale.

DES BONNES PRATIQUES POUR LES RH

Face à ces risques, les services RH doivent s’assurer que chaque contrat conclu respecte scrupuleusement les exigences légales. Voici quelques recommandations :

  • Justifier systématiquement le recours au CDD ou à l’intérim par un motif légal documenté.
  • Veiller à ne pas enchaîner indéfiniment les contrats précaires sur un même poste.
  • Ne pas confondre indépendance et externalisation déguisée : un freelance doit conserver la maîtrise de son organisation.
  • Privilégier une relation contractuelle claire avec les travailleurs indépendants, incluant clauses de livraison, délais, et obligations mutuelles.

L’appui d’un juriste ou d’un expert en droit du travail peut s’avérer précieux pour sécuriser les pratiques. Par ailleurs, une veille réglementaire régulière permet d’anticiper les évolutions de la législation et les décisions de jurisprudence.

VERS UNE ÉVOLUTION DES STATUTS ?

Le développement du freelancing et des nouvelles formes de travail (télétravail, portage salarial, plateformes numériques) pousse le législateur à reconsidérer les contours des statuts professionnels. La loi « Travail » de 2016, les ordonnances Macron de 2017 et plus récemment les débats sur les travailleurs des plateformes en sont des illustrations.

Dans ce contexte mouvant, il est crucial pour les ressources humaines de rester en alerte. La gestion contractuelle ne relève plus uniquement de l’administration du personnel, mais devient un enjeu stratégique de conformité et de prévention des litiges.

Sources :

  • Code du travail, articles L1242-1 à L1242-12.
  • Code civil, articles 1101 et suivants.
  • URSSAF, “Requalification d’un travailleur indépendant en salarié”.
  • Ministère du Travail 

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